10 commandements pour apprendre à écrire un scénario, 1re partie (2023)

  1. Tu n’auras pas d’autre dieu que la structure en «1-2-3»
  2. Tu aimeras tes personnages comme toi-même
  3. Tu apprendras à faire un déclencheur efficace
  4. Souviens-toi que l’objectif du protagoniste est toujours CONCRET
  5. Tu honoreras la logique et soigneras les détails


Les manuels pour apprendre à écrire un scénario sont pléthores, et certains ne manquent pas d’intérêts (cf. la bibliographie à la fin de cet article), mais cette semaine j’ai tenté de résumer modestement les règles qui, à mon humble avis, sont les plus importantes pour tout scénariste qui se respecte. Il ne fait pas de mal de les revoir de temps en temps et de se les ré-approprier autour d’un projet; voici une sorte de «check-list» que je ne résiste pas à intituler: «Les 10 commandements du scénariste», par facilité mais aussi par jeu.

Tu n’auras pas d’autre dieu que la structure en «1-2-3»

Tout récit tient sur une structure ternaire (qu’il soit en trois, quatre, douze ou autant d’actes que vous voulez), ce que Cédric a théorisé sous la forme du «1-2-3» (pour apprendre cette technique, cliquez ici).C’est la base de toute histoire, un début, un milieu et une fin. Parfois, vous rencontrerez des structures en 2 actes (surtout pour les formats courts, type 26′) ou en 4 actes (de 60′ à 90′), mais globalement, votre histoire aura toujours besoin de poser une question dramatique centrale au début, pour y répondre lors de la résolution finale (climax).Entre les deux, pour éviter d’avoir une structure passive, celle où vous avez l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose pour vos personnages, posez-vous toujours la question de savoir ce qu’ils FONT concrètement. Nous en revenons ici au coeur de toute histoire, c-a-d, la TÂCHE. Cédric vous a donné une méthode pour construire des tâches originales (cf. son billet dédié: comment écrire un scénario sans peine avec la tâche), à vous de faire le reste. Plus votre tâche sera forte, plus votre structure sera facile à écrire. Je conseille même, avant de débuter toute histoire, de réfléchir en premier à la tâche de votre personnage: que va-t-il faire pendant 90 minutes? Petite astuce: vous pouvez repérer facilement la tâche d’un film ou d’une série dans sa bande-annonce; plus la tâche sera originale, plus elle sera mise en avant. Dans le générique de la série Alias par exemple, Sydney passe son temps à changer d’identité dans ses différentes missions, et c’est bel et bien la tâche principale de cette espionne.Prenez garde enfin quand vous construisez vos structures de vous jeter dans un déroulé trop évident, ou trop cliché. La structure est votre architecture de base, celle qui tient votre histoire par la main. C’est ce qu’il faut soigner en priorité. On vous pardonnera des personnages un peu clichés si votre structure est efficace et originale, beaucoup moins le contraire. Le public de cinéma ou de télévision est un public averti qui sait reconnaître quand on lui force la main.

Tu aimeras tes personnages comme toi-même

Autrement dit, tu feras des personnages attachants.Pour ceux d’entre vous qui visualisent d’abord leurs personnages et pas la structure, dites-vous que lorsque vous aurez préalablement construit un 1-2-3 efficace, fluide et logique, vous pourrez vous concentrer sur vos personnages, bien entendu la partie la plus savoureuse (surtout pour une non structuraliste comme moi!), en étant assuré que votre public ne s’ennuiera pas grâce à votre moteur dramatique.Les américains parlent de «lovable» ou «likeable characters», en France, nous parlons d’empathie, vous pouvez dire aussi: touchant, intéressant, identifiant, bref vous avez saisi l’idée. C’est une des règles fondamentales: on ne suit pas un protagoniste s’il ne nous touche pas, s’il ne nous interpelle pas, si l’on ne peut pas s’identifier à lui d’une manière ou d’une autre. Cela ne veut pas dire que votre protagoniste doive être Monsieur sans défauts, ou bardé de qualités. Non, nous suivons un personnage principal ou protagoniste parce qu’il est celui qui rencontre le plus de conflits, le plus d’obstacles, et qu’il est le plus intéressant à suivre. En effet, une des règles en matière d’identification, c’est que le public s’identifie toujours au meilleur, c-à-d au plus intéressant des personnages. Il nous arrive ainsi de pouvoir nous identifier à des anti-héros (des personnages négatifs mais qui ont une qualité exceptionnelle ou qui doivent surmonter des obstacles et des failles qui les rendent d’une certaine manière séduisants et qui font écho à quelque chose de notre vécu). Attention donc aux personnages monoexpressifs, tout en négatif, où encore trop clichés… N’oubliez pas que c’est le protagoniste qui tient votre histoire, sans lui, nous n’avons aucune raison de la suivre.

Tu apprendras à faire un déclencheur efficace

Le déclencheur est ce qui jette votre protagoniste dans une histoire, et le met en danger.C’est l’incident qui donne au héros son objectif, le force à entreprendre un voyage, à agir, et à définir un plan. Il est d’usage de le faire arriver au début de l’histoire (dans les 15 premières minutes pour un unitaire, dans le teaser pour un épisode de série), de manière à pouvoir développer une structure en trois ou quatre actes. Plus votre déclencheur sera fort et immédiat, plus le spectateur aura l’impression que l’histoire peut commencer. Si vous situez votre déclencheur trop tardivement, vous risquez de perdre l’attention de votre public qui attend avidement qu’il se passe quelque chose dans la vie de votre protagoniste.Dans Shrek, l’incident déclencheur survient quand son marais est envahi —le personnage n’a pas d’autres choix que de réagir et d’accepter une mission pour rétablir son équilibre initial. Dans Piège de cristal, c’est l’arrivée de terroristes qui prennent en otage un building commercial et tous les employés d’une société japonaise, qui forcent le héros, John McClane, à leur résister pour prévenir les secours alors qu’il est désarmé et pieds nus… Bien évidemment, plus vous aurez posé les éléments essentiels de votre exposition (conflits éventuels, rapports de force, phobies, névroses, etc.) en amont, plus votre incident déclencheur prendra de l’ampleur. Tout est ainsi une question de dosage. Vous l’aurez compris, l’incident déclencheur est nécessaire à toute histoire, et plus il sera inattendu, ou effrayant pour votre protagoniste, plus vous aurez de chances d’intéresser votre auditoire.

Souviens-toi que l’objectif du protagoniste est toujours CONCRET

Je ne saurais trop vous rappeler combien il est important de donner un objectif filmable à votre protagoniste. Sans objectif concret, un personnage aussi original soit-il, n’a pas d’intérêt!Cela vous permet de structurer votre récit en mettant concrètement en place des conflits autour de cet objectif et en créant une tension dramatique par la mise en place d’enjeux importants pour votre personnage principal: que risque-t-il s’il échoue?Bien sûr, en fonction des genres, les objectifs seront plus ou moins réifiés (centrés autour d’un objet): mettre la main sur l’arche d’alliance avant qu’elle ne tombe aux mains des nazis, comme dans Indiana Jones et les Aventuriers de l’Arche Perdue, n’est pas du même accabit que plaire à une femme, comme dans Intouchables, mais ces deux objectifs n’en auront pas moins été identifiés par le spectateur.Il sera renforcé en fonction de vos personnages, et de leurs failles: plus vous rendrez difficile l’achèvement de l’objectif, plus la tension dramatique sera grande.Enfin, si vous couplez votre objectif (par exemple s’enfuir quelque part) à une autre question dramatique (finiront-ils ensemble?), vous renforcerez l’intérêt du spectateur. L’objectif est ainsi essentiel à la création de toute situation dramatique.

Tu honoreras la logique et soigneras les détails

Le monde de votre histoire a beau être issu de votre imagination, il est néanmoins soumis lui aussi à la logique.Un rebondissement ne peut arriver dans votre récit sous prétexte qu’il vous arrange. Si vous avez besoin à un moment donné de telle ou telle situation, il faudra en avoir semé les prémisses au début de votre récit grâce à une technique, le «milking» (cliquez ici pour apprendre à écrire un scénario avec la technique du «milking»).Par ailleurs, avez-vous remarqué que les rêves sont parfois d’une étonnante précision? Ce qui les rend fascinant c’est qu’ils contiennent des détails qui nous restent. Et bien, si l’on considère que l’art de la fiction consiste à plonger le spectateur dans un rêve de 52′ ou plus, il faut que votre récit soit aussi détaillé que possible. Si vous posez un univers carcéral de haute sécurité comme dans Fortress, il faut donner à voir un univers crédible: définir des règles, une structure, des cellules blindées, etc. Faites des recherches sur un univers équivalent au besoin, mais il vous faut une longueur d’avance sur le spectateur. Surprenez-le avec des détails pointus qui montreront que vous êtes allés dans cet endroit auparavant (même s’il sort de votre imagination!)En anglais, on appelle ça des «specifics». Ce sont toutes ces petites choses: des formulaires aux règles de sécurité, en passant par la justesse des uniformes ou encore des codes de langage, etc. qui font que l’univers que vous décrivez a l’air réel.S’il on a coutume de dire que l’on écrit bien que sur les univers que l’on connaît, c’est parce que justement, l’expérience remplace la documentation. Utilisez donc les arènes que vous maîtrisez, cela vous permettra de gagner du temps et d’y insuffler une expérience vécue qui ne trompera pas à l’écran. C’est particulièrement vrai pour la création d’une série TV, parce que son arène verra s’y dérouler un grand nombre d’épisodes (voir la formation scénario «Créer une série tv», 2ième partie: arène et ligne narrative).

En espérant que ces cinq premiers commandements du scénario vous aideront à écrire, j’attends vos commentaires sur cette première salve pour vous apprendre la suite de cette check-list sacrée ;o) Merci de m’avoir suivie et à bientôt!

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Author: Prof. An Powlowski

Last Updated: 24/03/2023

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